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Le Maroc sur le chemin vers l’Europe

Femmes font l'extraction de l'amande manuellement

Extraction manuelle de l’amande

Un symposium sur le potentiel de l’agriculture Bio et les appellations d’origines protégées co-organisé par le FiBL s’est deroulé récemment à Agadir au Maroc.

Le Maroc a une politique agricole appelée „Maroc Vert“ qui est articulé en 2 axes : la modernisation des grandes exploitations pour renforcer leur capacité productive et d’exportation, et la transition de l’agriculture solidaire, composée de toutes petites exploitations qui sont dans les zones plus difficiles, en montagne, et qui ont une fonction principale dans l’auto-approvisionnement et la stabilité sociale.

Le développement de l’agriculture biologique au Maroc est une priorité dans le plan Maroc Vert. D’une part, le passage au Bio de quelques grandes exploitations orientées sur l’export est encouragé pour positionner l’offre marocaine sur les marchés qui sont en croissance en Europe. D’autre part, on constate que les petites exploitations des régions moins favorisées sont engagées naturellement vers un mode de production qui se rapproche de l’agriculture biologique, par manque de moyens financiers pour acheter les intrants. Et ce sont ces mêmes exploitations qui sont également productrices des produits qui sont maintenant au bénéfice d’un signe distinctif de qualité liée à l’origine comme l’indication géographique ou l’appellation d’origine protégées. Ces démarches ont déjà fait leur preuve au Maroc pour apporter des compléments de revenus essentiels aux petites exploitations familiales. C’est le cas par exemple de l’huile d’argane, un produit de cueillette que les femmes récoltent, concassent et pressent dans plus de 300 coopératives. La progression explosive des exportations de cette huile dont les vertus cosmétiques suscitent un grand engouement en Europe aide les femmes à gagner l’argent dont le ménage a besoin pour payer les frais de scolarisation des enfants et les médicaments, par exemple.

Cependant, la progression dans ces deux secteurs, le bio et les produits dont la qualité est liée à l’origine, se heurte encore à des freins importants. Par exemple, le Maroc n’a pas encore fait la démarche de reconnaissance de sa législation et de son autorité compétente sur les produits biologiques qui permettent une exportation vers l’Union européenne. De plus, les solutions techniques pour optimiser la production biologique sont encore absentes, et les pertes de production ne sont pas toujours compensées par les prix obtenus sur le marché. Quelques grandes exploitations se sont converties avec succès, mais cela reste des exceptions. Concernant les produits d’origine, les prix payés aux producteurs ne sont pas proportionnels aux prix des produits sur les marchés européens, et la répartition de la valeur le long de la chaîne de valeur ne se fait pas de manière équitable. Des questions se posent sur la durabilité des systèmes d’exploitations, par exemple de l’arganeraie, qui est un écosystème très fragile et très menacé.

Pour avancer dans ces problématiques, FiBL et l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II ont pris l’initiative de proposer un symposium scientifique autour de quelques questions-clefs:

  1. Faire le point sur l’état des connaissances en matière de recherche dans domaine de l’agriculture biologique méditerranéenne.
  2. Faire le point sur le développement des signes et labels distinctifs de l’origine et de la qualité à l’échelle méditerranéenne et internationale et leurs impacts sur le développement territorial.
  3. Débattre des synergies et des difficultés posées par la certification multiple (Bio, SDOQ (Signe Distinctifs d’Origine et de Qualité), etc.).
  4. Instaurer un dialogue et une plateforme d’échange entre les communautés de chercheurs et scientifiques travaillant sur les produits biologiques et les produits d’origine afin d’identifier les champs de capitalisation et de collaboration.
  5. Identifier les angles de convergence entre les aspects agronomiques, économiques et ethnobiologiques susceptibles de promouvoir les produits d’origine, les produits biologiques et la diète méditerranéenne comme symbole de l’identité méditerranéenne.

L’Institut Agronomique Méditerranéen de Bari en Italie et l’AMABIO, association marocaine des producteurs en agriculture biologique se sont joints à FiBL et l’IAV en tant que partenaires organisateurs de ce symposium.
De nombreux sponsors ont soutenu financièrement et moralement l’organisation pratique : le Ministère de l’Agriculture et de la pèche maritime du Maroc, l’Association Agro technologies Souss Massa Draa, le MOAN, l’IAM de Montpellier, la Région Souss Massa Draa, l’INRA Maroc, l’ANDOZA, l’ONUDI, la FAO, l’Office Régional de mise en valeur agricole du Souss Massa Draa, la coopération italienne au développement, le REDD (Suisse), le Crédit Agricole du Maroc, La COPAG et enfin le SYAL (European Research Group).

Participants

Les participants étaient en provenance de 27 différents pays et le profil des participants (plus de 150) était très varié, entre chercheurs, enseignants, agriculteurs, hommes politiques mais aussi représentants de banque, d’organismes de certification ou du monde de la santé.

Programme – déroulement

Le Symposium s’est ouvert dimanche 1er décembre par huit allocutions de personnalités:

  • Le Représentant du Ministre de l’Agriculture et de la Pêche Maritime
  • Le Président du Conseil Régional du Souss Massa Draa et Directeur Général de l’ANDZOA.
  • Le Directeur de l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II
  • Le Président de l’Association Marocaine de la Filière des Productions Biologiques.
  • Le Maire de la ville d’Agadir.
  • Le Président de l'Association Agrotechnologie Souss Massa Draa
  • Le Secrétaire Général du Centre International des Hautes Etudes Agronomique Méditerranéennes
  • La Vice-Directrice de l'Institut de Recherche en Agriculture Biologique, au nom de son directeur

Ainsi que par une conférence du Professeur Joyeux  sur les liens entre nutrition et santé.

La journée du lundi 1er décembre a été consacrée aux sessions plénières. Les interventions (dont tous les détails sont disponibles dans le programme ci-joint) ont permis de cadrer les questions soulevées durant le Symposium, en apportant un éclairage et une expertise sur des points précis tels que l’agriculture biologique, les Indications géographiques, les consortiums ou encore la complémentarité entre label bio et label d’origine. Cette journée fut rythmée par trois pauses  au cours desquelles les participants ont pu profiter des diverses dégustations de produits de terroir, notamment marocains.

La journée du mardi 2 décembre a vu se dérouler en parallèle trois sessions thématiques. La première, intitulée « Valorisation, Economie et Commercialisation » (des produits bio comme des produits d’origine), la deuxième, « Productions de Terroirs et Systèmes Agricoles Labélisés » et la troisième, « Agriculture Biologique, Production, Protection et Physiologie ». Les participants étaient libres de circuler entre les salles pour assister aux interventions de leur choix, et les présidents de sessions organisaient des séances de questions et débat toutes les trois à quatre interventions, suivies de deux bilans l’un en fin de matinée et l’autre en fin d’après-midi. De la sorte, chacun était libre d’apporter son point de vue, son expérience ou ses doutes à l’assemblée. De plus, les différentes pauses ont également permis de prolonger le débat et de comparer les acquis dans les sessions se déroulant en parallèle.

A total, une quinzaine d’interventions ont été possibles dans chaque session soit plus de 60 contributions sur les deux journées.
Le mercredi 3 décembre fut consacré aux visites de terrain. Un car a permis aux participants de se rendre tout d’abord chez un producteur d’herbes aromatiques certifiées biologiques, « beleco ». La présentation des infrastructures (serres, plein champs, ainsi que séchoirs) et de différents produits ont permis aux participants de mieux prendre connaissance de la réalité du terrain au Maroc, situation qui avait été évoquée lors des conférences.

Les participants ont eu ensuite le loisir de découvrir une coopérative (production d’huile d’argan certifiée biologique), où tout le travail de l’argan leur a été exposé : Extraction de l’amandon – à la main, en frappant le fruit à l’aide d’une pierre – triage, grillage (uniquement pour l’argan à vocation alimentaire) et extraction de l’huile.

Réactions

Les différentes réactions que nous avons pu recueillir montrent que le Symposium a rencontré son public, tant sur les thèmes abordés que sur la structure de l’évènement. Un livre d’Or sera bientôt ouvert sur le site internet.

Conclusions

Le Symposium a été un succès en termes de nombre de participants et de satisfaction de ceux-ci. Ce succès peut être analysé de façon assez simple : notre Symposium a rencontré une vraie demande. Le fait d’associer (sans logique de conflit) les thématiques de l’agriculture biologique d’une part, et des signes de qualité liée à l’Origine d’autre part est nouveau. Loin du raisonnement qui oppose entre Territoire et Agriculture Biologique, les complémentarités entre les deux labellisations ont été abordées, sous les aspects techniques, économiques et culturels notamment.

Texte : Hélène Bougouin

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